19 juillet 2017

Tadjikistan -> Khorog


omniprésent partout - vraiment partout



départ vers le Tadjikistan vendredi 7 juillet
passage de la douane kirghize un peu musclée : on nous demande 2500 c, finalement ce sera 1000 c, ils cassent les prix après nous avoir cassé les pieds. 
durée totale : 2h30, mais les soldes, ça fatigue!
Frontière tadjique presque RAS ; la voiture devant nous a un chargement d’abricots , le douanier en prélève une cuvette (expertise du chargement ?), quand ça sera notre tour  de passer il nous offrira des abricots de cette cuvette, qu’il aura lavés au torrent à côté.

C’est la fin de la journée, il faut entrer vite dans la campagne de Fergana (puisque la nature ne connait pas les frontières humaines, la belle plaine fertile de Fergana se trouve aussi bien en Ouzbékistan qu’en Kirghizie ou au Tadjikistan).
Nous aimons beaucoup cette région qui ressemble au pays de Cocagne. Tout y pousse vergers et cultures (parfois les 2 mélangés, sans compter les vaches qui paissent sur le bord, le long des canaux d’irrigation) . Les villages sont fleuris, irrigués par des canaux bien entretenus. Comme il fait très chaud, les petits barbotent à poil dedans, c’est autre chose que 2 petits loups de 2/3 ans qui barbotaient …dans un torrent glacé de Song Kull, mais les éclaboussures de rire sont pareilles. 
En Ouzbékistan où se trouve la partie la plus importante de cette plaine, c’est différent : on pratique la culture intensive - essentiellement le coton; finis les ânes et les carrioles qui circulent sur un damier vert, ce sont les grosses machines pompant tout le gas oil et surtout toute l’eau de l’Amou Daria qui travaillent dans des champs immenses. 
Donc nous arrivons dans cette belle Fergana tadjique à la tombée de la nuit et nous découvrons la Fête des Tapis : partout, les familles regroupées sous les arbres ont étalé leurs somptueux tapis au sol ; les enfants jouent dans la pénombre, de la musique, des voix sortent des maisons de toile multicolore qui ressemblent à des lampions… Magique !



Le lendemain, on émerge de Grodef dans le verger où on s’est posé. Une famille qui travaille à côté sans bruit nous salue, ainsi que leur âne …et on découvre la réalité. 
Les villageois s’installent un certain temps dans les vergers , ils récoltent les abricots et les font sécher sur place (nos tapis entr’aperçus à la tombée de la nuit…) Secouer les arbres, récolter les fruits tombés dans de grands hamacs, les trier, les faire sécher, les retourner au fur et à mesure, tout cela se fait paisiblement; le plov cuit au pied d’un arbre, le bébé dort sur la plateforme du camion, même les poules vivent cette transhumance avec leurs poussins qui picorent à côté; des oeufs sont stockés sous l’estrade où trône la maman, la vache est prête à approvisionner tout le monde et le fromage est bien rafraichi par l’eau du canal.

Inutile de chercher dans les guides : cette fête des Tapis n’est jamais signalée. Et pourtant, on l’a vu, elle existe avec les tapis tissés de fruits changeants, les maisons-lampions, la musique et les rires des enfants dans la nuit.



Khodjent trop neuf pour être du 10e

le bazar moderne d'Istaravchan

la vie épuisante du guide à Pendjikent (au fond à droite)


Direction les lacs Alauddin. Au bout d’un petit village nous nous installons sur une décharge à voiture, ancienne mine de charbon. Une famille vient nous offrir les abricots de bienvenue. La petite admirera les portraits de nos « vnuki » (=petits-enfants, mais je confonds toujours avec le mot qui signifie « délicieux »!). 
Le monsieur reviendra plus tard nous dire qu’il veillera sur notre sécurité cette nuit. Notre nuit a été excellente. Merci.




10.07 Nous ne verrons pas les lacs Alauddin ….quelle piste trop hard ! nous passons un après-midi idyllique près du torrent, sous le seul arbre des environs, nous sortons même la table de pique nique pour la 1e fois. Démontage des marchepieds arrachés et serrage des boulons pour Patrick, lessive, nettoyage,vaisselle sur les galets du torrent ensemble, il faut juste attendre quelques  minutes après le passage de rares voitures, ânes, moutons avec les salutations de rigueur pour que notre torrent qui traverse la piste redevienne bien clair. On aime bien le rythme tadjique.





c'est bon le chocolat!




…Enfin nous allons connaître l’enfer du tunnel d’Anzob. Bof ! Sa réputation est surfaite : 5,5 km de tunnel sans aération, très peu éclairé OK, mais ce n’est pas la mort. 
On s’en sort avec les yeux qui pleurent et des éternuements, ça fait éliminer !
Grâce aux travaux faits en 2015 les Tadjiks peuvent conserver leur manière de conduire même là : certains doublent sans vergogne, un camion en panne l’indique avec 2 pneus posés devant et derrière - sans warning : on le découvre quand on est dessus ; même les vaches  n’hésitent pas à se « rafraîchir » dans la 1ere portion, sur le trottoir d’évacuation piétons…
En sortant le panorama est aussi sinistre que le tunnel : de grands pans de montagne grise s’élèvent et se rapprochent. La route est jalonnée de camions qui transportent le charbon de la mine proche.
Avant l’arrivée sur Dushanbe ça change : d’énormes maisons avec piscine, salons de jardin sont construites le long de la rivière Varzob; des gens disent qu’elles viennent du blanchiment de l’argent du trafic de drogue : mauvaises langues !
Dans les piscines des restaurants chics on ne voit que les garçons qui se baignent, les filles sont invisibles.

1H30 à Dushanbe et vite direction l’Est/sud du pays.

avec vue sur le lac Nourek à travers le verger



NUREK : lac de retenue le plus haut du monde, qui va bientôt être battu par le barrage de  Rogoun en construction (3,6 gigawatts)  proche. Cela permettra au Tadjikistan d’être moins tributaire de son voisin ouzbèque alors qu’il est le château d’eau de l’Asie Centrale.

citadelle d'Hulbuk - 9e 11e siècle

un des détails de la porte : le svastika zoroastrien



Vers Kouliab, la campagne est une vaste étendue de collines de terre jaune pâle brûlante, moissonnée, recouverte d’un ciel blanc lourd de toute la poussière en suspension. Le soleil s’estompe. Seule l’eau des canaux semble vivre, luisant à travers les cultures blanchies. Après 2 villages, nous apercevons un arbre isolé à l’intersection de 2 canaux à bout de souffle: on fonce dessus imaginant déjà la fraicheur de son ombre.
Et nous passerons une journée super mais pas prévue. Nous sommes exactement à l’intersection du passage des troupeaux qui passent 3 fois par jour. Ils transforment leurs parcours en tunnel de poussière qui met longtemps avant de retomber dans cette atmosphère blafarde.
Comme on aime bien ces situations, nous n’avons pas bougé et chacun (enfants gardiens de troupeau ou animaux) passait, imperturbable entre les sièges relax après avoir bu, barboté dans les canaux . Les enfants en profitaient pour nous montrer mine de rien leurs prouesses avec leur âne, leur carriole débordant de foin.







les photos ne "rendent" pas la poussière partout



En contrebas, il y avait une chose détonnante : une parcelle verte avec une cabane de Robinson Crusoe coiffée du drapeau tadjique. Un oasis ?
























Les habitants de cet oasis nous ont appâtés à grands coups de pastèques ; le frère aîné Faïzali et ses petits frères nous ont fait visiter leur domaine caché dans un grand ravin plat avec des vergers où paissent les vaches, un potager où tout se mélange ; nous avons fini par un déjeuner dans la cabane de Robinson qui ferait rêver les enfants et les ex-enfants qui lisent ce blog. Difficile d’exprimer la délicatesse et la chaleur de ces personnes…



















Reste ensuite à  manger ou écouler toutes les pastèques, abricots, pommes offerts.
Nous nous sommes quittés le coeur serré, en sachant qu’on ne se reverra jamais mais un fou-rire nous attendait avec le comité d’adieu de tous les animaux qui attendaient près de Grodef.     

Rencontre tout à fait différente : une soirée avec un Pamiri en panne dans un petit village . Il squattait l’école professionnelle du village et nous avons bavardé avec lui et ses hôtes d’abord en cueillant des « toutes » = mulberry» (miammm, ça ressemble à des larves mais ça a un goût de fraise très sucrée) puis devant un thé, puis en dînant. 




C’est un Ismaélien, il aime passionnément sa région et l’Aga Khan qui a tant apporté à celle-ci en particulier au moment de l’insurrection puis du blocus affamant la population après l’indépendance du pays.
On ne va pas vous ennuyer avec un topo sur cette religion qui est tout sauf barbante, mais si ça vous tente, renseignez-vous.
Nous avions déjà rencontré des personnes ismaéliennes au Pamir. Elles nous avaient étonnés par leur art de vivre et leur dignité dans leur dénuement.

Encore des rencontres : entre autres, 3 jeunes Français à vélo qui …pédalent avec bonheur sur plusieurs milliers de km  dopés par d’autres projets encore plus fous. Si ça continue, ils iront plus vite que nous ces jeunes ! ou un solitaire autant fêlé qui nous cueille un après-midi avec un « salut les retraités » 
et puis d’autres, et d’autres …
Côté circulation,  la pluie transforme les routes en patinoire (quand elles sont étroites et bordées par le vide…bof)  tandis que la forte chaleur accélère la fonte des neiges qui gonfle les torrents provoquant des glissements de terrain.
Pour nous touristes, il suffit de contourner les difficultés mais les « locaux » sont durement touchés. 




Suite sur la M41 le long du Pjang à l'Est- frontière avec l’Afghanistan.

On termine ce chapitre à Khorog, capitale du Pamir - beaucoup de jeunes habillés à l’européenne parlent anglais et sont prêts à aider les pauvres touristes qui cherchent un bon restaurant pamiri. 
Nous passons la nuit dans un homestay à côté d'une école financée par l'Aga Khan. 
On se réveille avec des bribes de cours d'anglais. 
Bye, see you later !









village afghan en face, de l'autre côté du Pjanj






no comment


6 juillet 2017

Kirghisthan 1



Malgré le titre, vous n'avez pas fini avec le Kazakhstan.... Comme vous nous êtes très sympathiques, voici deux petits cadeaux avant de quitter ce pays : 
  • la photo du cheval symbole du Turkmenistan un Akhal Teke il a failli disparaître pendant l’URSS, (j’espère Ayna que je ne dis pas trop de bêtises). Son cavalier kazakhe nous l’a présenté fièrement. Il y a de quoi.
  •  la découverte de l'artiste kazakhe Menlibayeva qui a exposé à Paris cette année.
Née à Almaty au Kazakhstan en 1969, Almagul Menlibayeva définit son art comme chamaniste, la recherche d'une identité Kazakh moderne, et un art nomade au sens culturel du terme (elle même vit à la fois à Berlin et à Almaty). Ca c'est Google qui le dit.
(merci à Christiane et Michel de nous l’avoir fait connaître)
Fouillez son site, il y a plein de TRES belles compositions.

























Soirée TV samedi fin juin : bel orage face à la chaîne enneigée de l’Alataou qui se dresse brusquement sur la plaine cultivée. Nous sommes collés derrière le pare-brise, manque juste le popcorn.




Vérification de l'état de Grodef sur une rampe proposée souvent au bord des routes, 

puis réparation des silentblocs-des-amortisseurs-arrière de Grodef par un super gentil garagiste qui fait ça très soigneusement, sans RV pour 3€ en 1/2 h;





















Nous passons la frontière Kazakhe / Kirghize dimanche bien vite……
On perd juste un peu de temps car Patrick bavarde avec un policier « entre mecs »: celui-ci veut nous donner un PV . Motif : Patrick s’est arrêté pour récupérer Denise après la frontière (que l’on passe séparément) . Pendant ce temps, le chef (transpirant, ne parlant pas anglais, épuisé par la chaleur et les cris)  papote avec Denise sur les broderies des différents pays de la région. 
Nous n’avons pas payé les 12,50€. C’est de l’arnaque organisée d’interdire l’arrêt pendant 200 m après la frontière. ..Non mais !

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Maintenant le KIRGHISTAN !
capitale : Bishkek - 5 700 000 habitants - 199.900 km2



Le 1er trajet indiqué sur cette carte n'est pas exact : n'ayant pas eu le visa tadjik par internet, (nous ne sommes pas les seuls, ça bloque au moment du paiement. Dommage), nous avons dû passer par Bishkek puis chemin normal vers le lac Song Koll, Ozon, Osh et la frontière vers le Tadjikistan.


De Bishkek à Issy koll : 2X2 voies, contrôles policiers fréquents.
Penser à prendre de l’essence à Koshkor : il n’y en a plus jusqu’à Kazarman.

Pas de visa tadjik lundi, le consul n’est pas là, ni mardi jour férié ; on se traine dans la capitale surchauffée…mercredi c’est bon, nous avons le visa tadjik + GBAO (autorisation spéciale pour aller dans le Pamir - 85 €/personne en billets $ en bon état avec l’appoint si possible, il vaut mieux arriver avant l'ouverture : après la file d'attente s'allonge vite) 






Nous partons pour Song Koll ( lac magnifique à 3000m au sud de Bishkek) , par une piste qui longe le lit du Kegeti; montagne à vache belle sous la pluie et 12° mais plusieurs personnes nous disent que le col à 3700 m est infranchissable, l’un d’eux parle de neige ?… 
La piste était presque un chemin à vol d’oiseau coupant la montagne ; on rebrousse chemin  déçus .



Délicieux dîner d’abricots et de beignets offerts par un voisin de la fontaine où on faisait le plein ainsi que d’une truite grillée achetée près d'une yourte en haut d’un col.

Un stage 4X4 et une course d’orientation dans la montagne jeudi, finalement nous arrivons au Song Koll rive nord, sous le soleil. Ouf ! Nous avons découvert une nouvelle fonctionnalité de Grodef : quand le chemin est trop accidenté, il le signale en mettant l'autoradio en route.



Décidément, il sait tout faire !
Grodef a été vraiment très brave et le chauffeur pas mal (!) ainsi que la copilote !






Arrivée à Song Koll, les yaks en liberté sautent comme des chèvres, là ils sont sages pour la photo

des cavaliers nous invitent à un bouzgachi qu'on ne trouvera jamais (observez le mouton déjà prêt, sur le sol)

p'tit dej avec les moutons

un balbal - pierre dressée peut-être scythe qui pouvait marquer une sépulture

...un tumulus proche, déjà fouillé

en cherchant vainement le bouzgachi, on a trouvé un anniversaire

2 petits loups  autant à l'aise sur 2 pieds que 4 pattes

le filet a été tressé par l'un des petits cavaliers- 10 ans environ...


Rive nord et ouest infiniment belle, accidentée, paysages variés, flore éclatante alors que la rive sud est plate et moins surprenante avec des amas de yourtes pour touristes proche de la piste.




technique pour traire les juments, les vaches : les mères sont en liberté, on regroupe et on attache les petits ; quand une maman se fait traire, le petit est conduit à elle pour téter (il "amorce") et on le retire rapidement. La personne est un genou à terre, le seau posé sur l'autre genou, avec un sourire en plus


Moment avec une famille devant sa yourte, les 2 petites filles s'appellent Diana et Camillia (!) ... On nous offre le koumi : lait de jument fermenté et légèrement alcoolisé comme une bière - c'est pétillant avec un goût fumé. Il parait que c'est un breuvage énergétique, qui combat plein de maladies, on va être immunisé ...et peut-être un peu écoeuré !


pétrissage puis dégustation du pain avec vue sur le lac


rien n'est définitif, tout change en fonction de la météo : il faut parfois deviner la piste


En quittant Song Koll, nous rencontrons des personnes qui nous étonnent toujours : un motard australien architecte qui navigue à travers de nombreux pays et un marcheur originaire du Vercors qui a également arpenté notre planète depuis plusieurs dizaines d'années (!), nous prendrons longuement le thé avec lui. 




la sortie du Song Koll, pas mal !

la tarte à la myrtille promise à Patrick au prochain col


Entre Song Koll et Kazarman , vue sur la vallée de la Naryn
 Aux environs de Kazarman, une découverte surprenante : une magnifique route à 2X3 voies qui pourrait rejoindre Osh rapidement ...et qui finalement ne dessert que la mine d'or voisine exploitée par les Chinois. Mais on serait privé du paysage incroyable ci-dessus.






déjeuner dans un petit resto du bazar : manti (ravioli vapeur), lagman (grosses pâtes dans une soupe de légumes avec lamelles de viande) et thé vert.
les couteaux ne sont jamais mis à disposition



Pause de 3 nuits à Osh où nous voulions retourner dans le homestay TES - rue Lénine dans une toute petite allée difficile d'accès (seul défaut du lieu), à côté du stade, au sud de Osh: super bien situé, personnel à l'écoute des moindres demandes,  lave-linge, déjeuner généreux en terrasse, on savoure le riz au lait de jument sucré . Miam !
C'est le lieu de croisement entre ceux qui vont au Tadjikistan et ceux qui le quittent : échange d'infos, on bavarde. Il y a de nombreux cyclistes, de super nanas semblent faire ça tranquillement. 
On trouvera tout ce qui nous manque au bazar : des vis pour la galerie, des abricots secs précieux au Tadjikistan et qu'on pourra offrir aux enfants, le robinet de douche et des pommes minuscules .
Un policier veut nous faire un contrôle d'identité -  traduisez "monnaie pour que je vous rende votre passeport"; on refusera bien sûr de lui montrer, devant les passants qui s'arrêtent et veulent voir la suite des évènements. A un autre moment il sifflera de façon vulgaire. Beurk!

Prochain épisode : le Tadjikistan

fait à Osh jeudi 6 juillet.












Patagonie - Terre de Feu

Pas d'itinéraire sur la carte pour vous montrer nos déplacements, le sud du continent est bien compliqué avec son découpage naturel des ...