26 septembre 2015

Salom* Ouzbékistan (= *bonjour pour les ignares du chapitre précédent)


 

Dimanche 20 : frontière ouzbèque. « Aïe ! » disent les gens qui sont déjà passés par là.

Nous quittons le Kirghizstan : 198 500 km2 / 5,6 millions d’habitants, avec au moins autant de chevaux et de moutons vivant dans des paysages sauvages de montagnes, de jailoo à perte de vue.
Pays au régime politique plutôt démocratique.

Direction :  l’Ouzbékistan :  447 400 km2 / 30 millions hts - pays au patrimoine artistique fabuleux.
Comme au Tadjikistan, le Président en exercice depuis l'indépendance des pays de l'ex URSS,  est souffrant, que deviendra le pays en cas de changement de gouvernement ?


une des nombreuses affiches partout à la ville comme à la campagne qui chante le pays et ses progrès


Les deux postes-frontières donnent un contraste saisissant.
Le poste kirghize est bricolé, un petit bâtiment très fatigué, une barrière rouillée qui se lève difficilement sur un chemin cahoteux. En attendant la fin du contrôle, un douanier propose à Denise une petite place au soleil à côté de lui sur un vieux banc recouvert d’un coussin multicolore.

Côté ouzbèque, la république nous accueille avec un portail monumental, un soldat armé de pied en cap, poste tout bétonné, des fosses pour examiner sous les véhicules, mais  l’accueil est tout aussi gentil qu’à côté.

2 h montre en main, 0 taxe, 0 fouille ! Nous allons faire des envieux.

Maintenant le paysage est toujours immense mais c’est une plaine. Cultivée. Avec du coton partout. Avec des camions qui font des aller et retour entre les champs où travaillent les femmes et l’usine proche où on entasse des montagnes de coton.


Dans ce pays, comme dans ses voisins  il y a un partage équitable du travail : les hommes s’occupent des animaux, de leur voiture, les femmes gèrent les enfants, le travail des champs, la maison.



Les villages prospères se succèdent : pas une trace de route qui mènerait vers l’inoccupé.





Nous échouons sur un carré 4X4 au bord d’un champ : ah ! La campagne. Son calme !

Oui mais c’est la fête au village ; tous les jeunes et moins jeunes du coin (0 jeune fille ou femme) passent par notre Defender, nous saluent avec les quelques mots anglais qu’ils connaissent et deviennent de plus en plus collants au fur et à mesure que le taux de vodka augmente dans le sang.
Nous tirons les double-rideaux de notre séjour/cuisine/coin-repas pour dissuader un peu.

Puis le calme enfin…pas tout à fait : quelques petits bruits nous informent qu’il y a toujours des gens qui traînent autour de Defender. Puis des coups frappés, on ouvre, lassés : « passeport ! »
Un type sans uniforme nous demande nos papiers que nous refusons bien sûr de donner, il insiste en restant poli mais ferme, et nous découvrons dans la nuit 4 voitures dont une voiture de police, 3 policiers et des gens du village assemblés sur notre bord de champ. On nous propose gentiment pour notre sécurité bien sûr d’aller dans un hôtel à cause des « terroristes », d’ailleurs, on va nous y accompagner.
...Et nous voilà à 23h précédés et suivis des voitures (dont gyrophare) à travers les villages animés : coiffeur, M.Bricolage, épiceries et bien sûr tous les petits restaurants très actifs encore - pas de législation sur le travail. Plus loin, nous nous mettons d’accord : pas question qu’on nous « mette en assignation » dans un hôtel : aucun règlement ne l’autorise. On s’arrête, notre interlocuteur également, on parlemente à nouveau. Bon enfant, (!) il nous propose un bon plov au restaurant à côté… ! on promet qu’on va dormir à la ville et ils finissent par nous lâcher.
Où trouver un endroit pour dormir dans cette campagne fermée ? La ville la plus proche ?  Aucun hôtel, on continue vers la ville suivante Namangan et on finit très brusquement dans un cul de sac : la route est barrée par un éboulis.
Ca sera notre chance, on s’installe à côté ( en sécurité ).
Non, ce n’est pas terminé, juste en-dessous, on fait  la fête dans un immeuble; on s’endormira enfin, bercés par les coups de frein et dérapages des autres automobilistes surpris comme nous.

Lundi 21 : lever laborieux; une voix amicale nous interpelle : un jeune grand-père coiffé de son petit-fils nous invite chez lui. Sympa ! On lui demande quelques instants pour nous préparer mais il doit craindre qu’on s’échappe : pas question de traîner, il nous conduit vers sa maison à 100m.
C’est en pyjama que nous avons visité  sa maison, son jardin, le puits qu’il construit dans la cour puis petit déj: un plov avec son fils qui parle un peu anglais.

Vive la chaleur des Ouzbèques !

Suite de la route vers Angren un peu ralentie par un arrêt à un  poste de contrôle : 2h d’attente.
Au loin nous avons pensé à un péage de l’autoroute A6 le 31 juillet : embouteillage et  larges portiques, de près il y a en plus des casemates, des soldats tout équipés + cagoule noire.

C' était un peu différent des postes de contrôle tadjik, sur les petites routes de campagne, dans une cabane ouverte où le militaire recopiait consciencieusement nos informations en lettres latines (qu’il ignore) sur un cahier d'écolier avec des colonnes tracées au stylo.

Scoop : en Ouzbékistan  les montagnes peuvent flotter, puis plonger pour mieux réapparaître, flottant à nouveau ou se dressant vigoureusement.

Ce pays va nous surprendre.

Mardi 22 : en 400 km nous avons eu une dizaine de check-points.
C’est sans doute inversement proportionnel au nombre de station-essence ouvertes.
pénurie de carburant, on nous avait prévenu, mais à ce point...
Voyant deux longues files d’attente qui ralentissent notre voie "rapide", nous pensons « check-point », pas du tout : c’est l’attente à l'une des rares stations ouvertes.
Si vous avez une voiture qui roule au gaz, pas de problème : les stations Propane sont nombreuses et ouvertes.
Nous trouvons une station avec diesel dispo, sans file d’attente gigantesque et nous en profitons pour faire du change : les devises étrangères sont très recherchées donc le taux est bien plus intéressant dans les stations, boutiques qu'au bureau de change ou à la banque.

Tashkent. Ses policiers, ses policiers, ses policiers. Mais chacun est aimable quand  nous semblons chercher.

place de l'Indépendance avec ses pélicans

Là également, ville à la fois très moderne -ici sans ostentation- où subsistent ses petites maisons de

dans la même rue
briques crues cachées derrière leurs murs, remplacées au fur et à mesure par des maisons plus cossues..
 


 

mercredi 23: visite à l’ambassade du Turkménistan pour solliciter notre visa. RAS, ouf!
résultats des épreuves le 1er octobre.
Pas d'avertisseurs (ou très peu et faibles) mais les coups de sifflets de la police rappellent qu'il ne faut pas s'asseoir par terre, pas marcher hors des sentiers battus.
Nous continuons à faire du change "au black" dans une voiture où le conducteur va chercher les paquets de billets dans son coffre.
A la petite épicerie du coin, on voit les gens qui sortent une énorme liasse de billets et qui comptent, longtemps! on se croirait dans un film de gangsters. Pas de porte-monnaie: chacun range les billets entourés d'un élastique dans un sac plastique.



une liasse de 100 billets de 1000s = 20€
Comme ordre d'idée : le pain coûte 800 soms (20 centimes €)

Après la quête du diesel, maintenant, le parcours du combattant pour acheter une carte SIM:
Depuis hier nous voulions téléphoner à Rustam cousin d'Ayna qui habite Tashkent, donc carte SIM nécessaire. Aucun vendeur ne pouvait nous en vendre.??? Trouvant quelqu'un qui parle suffisamment l'anglais dans un hôtel, nous découvrons qu'il faut présenter un justificatif de résidence + passeport pour cela.
Nous avons passé 1 heure dans une agence d'opérateur téléphonique (dossier) puis nous avons pu contacter Rustam que nous verrons le 1er octobre. Dès notre 1er contact il nous a conseillé en riant d'être très patients. Ah, bon ? OK.
 
Mercredi 23 demande de visa turkmène faite. Nous devrons attendre le 1er octobre pour connaître la décision. D’ici là : nous repartons vers la vallée de Fergana en prenant cette fois notre temps.

Tashkent nous semble plus nuancé dans son essor :  des quartiers sont rénovés, les immeubles ou de grosses maisons "bourgeoises" remplacent les petites maisons en terre avec jardin et poules, des magasins opulents s’ouvrent mais cela parait moins contrasté qu’à Bishkek. Pas de Toyota Lexus … mais plutôt des voitures moyennes. Des mini-vans Daewoo sillonnent la ville : maniables, ils servent à tout : livraison, taxis. Par leurs fenêtres ouvertes, on entend de la musique (c’est nouveau et ça reprend la question à 1000 pastèques posée au Tadjikistan  et au Kirghiztan où on n’entendait aucune musique dans les voitures, les magasins ou s’échappant d’une maison. )

….
Vallée de Fergana quelques jour plus tard.


mosquée à Kokond
 
 une forêt de colonnes en bois sculpté
 
 



Fergana: région conservatrice où les femmes doivent être habillées pudiquement...pas les chaises!



 
le palais  XIXe qui reflète mal l'importance de cette ville capitale régionale au 18e et 19e siècle

Nous reprenons le fil du récit. Tout d’abord, une belle nouvelle grâce à Internet qui ne nous coupe pas de nos proches : nous avons gagné un nouveau petit-fils, bonheur de savoir que tout c’est bien passé et nous pouvons même l’admirer.

Mais ce soir 29 septembre, nous avons gagné  le chien le plus crétin du pays : Rantanplanov.

On s’installait dans notre joli bivouac découvert à l’aller entre la vallée de Fergana et Tashkent  et – comme d’habitude-  quelqu’un super accueillant arrive et nous invite chez lui le lendemain ; ce qui change, c’est qu’il a un chien, qui nous fait la fête et qui décide de nous adopter. On lui présente notre menu : tomates et herbes, il reste quand même.

A  chaque personne, mouton ou moustique qui passe même loin (souvenez-vous : la nature n’est jamais déserte), il aboie et grogne pour nous protéger. La chance !…

Ce ne sont sans doute pas ses aboiements qui ont alerté le « service d’ordre » qui arrive dans l’obscurité : 4 paramilitaires ?? avec 1 grosse arme  descendent d’ un camion et d’une voiture sortent 2 civils. Pour faire taire Rantanplanov qui ne les apprécie pas du tout, un gros costaud en treillis prend une belle pierre,  on le fusille du regard avec un « niet ». Ouf, il arrête son geste.

Pour eux,  « bonjour » se dit « passeport ». Nous refusons bien sûr de leur donner, nous leur montrons à travers la vitre (portes verrouillées) et nous  leur demandons  tout aussi aimablement que leur bonjour « vous êtes qui ? » …et notre interlocuteur de  répondre « Sergueï ». Moment  délicieux où il ne faut surtout pas éclater de rire.
Ca finira quand même avec un retour plus tôt que prévu à Tashkent dans la nuit. Grrr


 
Une soirée précédente  a également été spéciale : loin après un village toujours dans la vallée de Fergana, nous nous installons pour la nuit. Toute petite ballade avec Defender toujours visible et à notre retour, la trousse de toilette  de Denise accrochée dehors a disparu. Seules les lectrices pourront comprendre et être solidaires de son  désespoir. (Heureusement, elle avait encore quelques pots et autres tubes bien au frais dans le petit réfrigérateur, ce qui fait d’ailleurs qu’on ne peut y ajouter que les 2 tomates du dîner)  Début de soirée un peu morose.

Avant de nous coucher, nous sortons... ; et un monsieur surgit hors de la nuit. « Pas question de dormir ici », il insiste aimablement, on joue l’incompréhension alors il va au village et revient avec une dame souriante armée de son dico ouzbèque/russe/anglais. Il veut nous conduire à sa ferme.

Nous débarquerons  la nuit chez  une famille chaleureuse : un jeune couple avec 3 enfants, les 2 grands-parents ;  la jeune femme super qui mène rondement les choses a préparé une collation, elle nous arrange nos lits « princesse aux p’tits pois ». Le lendemain, visite de leur petite ferme  jolie et parfaitement entretenue; nous repartons les bras chargés de bonnes choses.

Plein de contrastes décidément.


la famille qui nous a accueillis si gentiment, chacun à leur façon



Tashkent, 30 septembre : nous ne vous ferons pas admirer le métro de Tashkent : il faudra nous croire sur parole quand on vous dit qu’il est majestueux. Nous avons vu 5 stations : toutes différentes, évoquant à chaque fois l’identité du pays (périodes glorieuses de l’histoire, les arts,  les cosmonautes célèbres...), beaucoup de céramique, marbre ouzbèque, verre dépoli.
Trois policiers dans la 1e station nous tombent dessus, ils  sont contents qu’on admire leur métro, mais « désolés, interdiction de photographier ». Ils vérifient même que nous effacions les photos déjà prises. Dommage pour vous.

Jeudi 1er : le couperet est tombé : pas de Turkménistan, donc pas d’Iran.

Le service des visas turkmène nous balade et la date d'expiration de notre visa ouzbèque avance : si nous voulons voir les grandes villes ouzbèques de la Route de la Soie, nous ne pouvons pas attendre jusqu’au 5  « mais peut-être plutôt le 12 » ou faire des aller-retour de plusieurs centaines de km.

Changement d'itinéraire donc, après notre séjour en Ouzbékistan, direction le SW du Kazakhstan vers le Manguistaou où nous retrouverons le désert, des canyons, avec les nécropoles anciennes des bergers en transhumance (lisez « les Cavaliers » de Kessel)et mosquées souterraines, puis la Géorgie en coupant par Astrakan en Russie.

Visa russe vite fait bien fait : on l’aura le 6 : bravo Poutine (!). En l’attendant nous allons essayer  l’aller-retour à Samarcande – avec juste une photocopie de notre passeport…Nous aimons bien les sports extrêmes.

 

 

 
 

 

23 septembre 2015

Jakshy kalyngydzar* Kirguiztan (= "*au revoir" pour les ignares)

 
Bishkek

Lundi 14, mardi 15

Service rapide pour le visa iranien : 1 mois pour avoir le « code » (= lettre d’invitation), mais une journée pour le visa. Ouf !

Patrick retrouve « sa copine » de l’ambassade ouzbèque : une personne qui a elle seule peut décourager un bataillon de touristes désireux de découvrir les magnifiques trésors de son pays.
Mais c’est bon, nous la quittons avec un tampon supplémentaire sur notre passeport.

Nous étions surpris par les ordures qui traînent au pied des arbres ou des poteaux quelque soit le quartier. Ce n’est pas le fait de gens négligents,  il y a un réel système de ramassage des ordures mais celui-ci n’est pas optimisé. Chacun met là ses détritus dans des sacs quelconques, le conducteur d’un petit camion vient les ramasser à la main. Si le sac est éventré ou mal fermé, il ramasse le plus gros et laisse le reste. C’est un début.

Mercredi 16 :

Nos visas ouzbèques et iraniens sur nos passeports, cap vers  le parc naturel au sud de Bishkek : les Alpes kirghizes.

Puis M41 à nouveau vers la frontière ouzbèque.

Plaisir de revoir ces beaux paysages de jailoo sur les plateaux entre les 2 cols à 3000m. mais beaucoup de  yourtes ont disparu, restent leurs traces : un disque de graviers sur l’herbe rase, quelques pierres qui délimitent le chemin. Nostalgie

 

Samedi 19 : suite sur la M41, nous repassons par les mêmes paysages du lac Toktogul qui nous paraissaient si arides il y a un mois ;  sous la pluie ils s’estompent et laissent deviner les montagnes dorées et les gorges de la Naryn toujours bleue turquoise.

dernier jour au Kirghistan, dur !

Pour faire une pause, on quitte la M41 par une piste qui nous conduit dans un lieu magnifique : d’un côté une enfilade de montagnes arides avec quelques maisons de bergers abandonnées, de l’autre une vue plongeante sur le canyon de la Naryn. Dommage que la météo soit mauvaise, 1 ou 2 jours là seraient parfaits.

du même endroit, les 2 vues opposées


 
Pendant le déjeuner, un routier nous présente à ses collègues. Ils sont Ouzbèques mais vivent au Kirghizstan : « c’est mieux ». Ils importent en contrebande vers l’Ouzbékistan des vaches kirghizes:  « là-bas on a besoin de viande, ici il y en a beaucoup ». No comment


Après-midi. Un rassemblement animé sur la place d’une petite ville pour les élections qui se préparent dans le pays ? Pas du tout, c’est nous qui demandons à 2 messieurs où se trouve le bankomat. Un passant puis d’autres arrivent, se renseignent,  discutent des itinéraires, se coupent, se répètent, l’un téléphone pour vérifier que la banque est ouverte, l’autre se propose de nous y emmener…On se serait cru dans le village d’Astérix.
grands signes de mains, et tout retombe au calme.


il y en a un qui résiste, toujours et encore...
 

 

15 septembre 2015

retour au Kirghiztan



Notre blog s'enrichit.
Comme vous êtes des lecteurs assidus et CHANCEUX, grâce à not' Guillaume, vous pourrez plus aisément suivre notre voyage sur une carte en utilisant ce lien:

https://www.google.com/maps/d/edit?mid=zmJB2kdOUGfA.kOYCug4_FWwA&usp=sharing
profitez-en, c'est gratuit!
et on dit  quoi? "merci Guillaume!"
 


Aujourd’hui, récolte des graines de tournesol. Sur notre route déjà étroite et cahoteuse, nous voilà réduits à une file : la seconde est occupée par des tas de fleurs de tournesol séchées à terre ou par des monticules de graines extraites par une machine, les tourteaux étant envoyés en contrebas pour le plaisir des animaux qui circulent librement.

De petits enfants s’amusent à aider leur maman à mettre  ensuite les graines dans de grands sacs.

Mais la route est également  égayée de petites silhouettes noires et blanches qui s’agitent : les écoliers toujours impeccables qui rentrent de l’école en s’amusant. Au Tadjikistan il y a un roulement du moins dans les campagnes: une équipe d’écoliers le matin, une l’après-midi, malheureusement,  la scolarité s’arrêtera assez vite pour les filles de milieu modeste.



Vendredi 4 : journée classée rouge par le PC de circulation : TRANSHUMANCE.
 
prenez le temps de bien regarder cette photo



D’accord, on vous l’a déjà fait, mais aujourd’hui, c’était hors des proportions habituelles.

Nous sommes restés comme des …touristes pendant un long moment  à regarder ces centaines de moutons se déplaçant à flanc de montagne, guidés par la voix de leurs bergers.

Quand ils ont disparu, nous pouvions encore les suivre à l’odeur et aux sons que le vent nous apportait, puis un nouveau versant s’offrait à nous avec un autre troupeau qui prenait le relais : images, odeurs, sons.


transhumance toujours
 
 
 

Une rencontre étonnante : une jeune et jolie cycliste hongroise qui visite l’Asie centrale puis la Chine, toute seule. Chapeau bas.

Passage par Kazarman et ses immeubles datant de l’URSS, même les aires de jeux font froid dans le dos.
avec une fusée de l'ère soviétique
 

Samedi  5: Jal al Abad – Ozgon (nous sommes en effet déjà passés par cette ville: son minaret, ses 3 mausolées)  vers le NE en prenant des petites routes : toujours cap vers lac de Song Köll.
Un choc (encore un !) nous montons paisiblement la route de montagne, yourtes qu’on replie, moutons qui circulent… en haut du col :  wahoo !
 

 


déménagement d'une yourte

Aujourd’hui, Defender s’est recyclé  en foodtruck-salon de thé pour cyclistes : le premier client, un Australien « on the road » depuis 4 ans est parti au milieu de sa vie. Il n’a plus d’attache, il avance ; la vitesse de son vélo lui permet de regarder vivre les gens et les rencontrer. « Les gens sont tous pareils partout » aime-t-il constater.  Il est dispo pour les opportunités qui pourraient se présenter. Il passera la mauvaise saison en Géorgie en travaillant; au printemps, sa maman va le retrouver en France et fera un bout de chemin avec lui avec un vélo électrique !!

Les seconds, un couple de jeunes Français font du tourisme pendant un an : Europe, Asie centrale puis la Chine et le Japon, en utilisant parfois les transports quand les voyages sont trop longs, ou la météo  catastrophique ; notre thé chaud, les biscuits et les abricots secs sont très très appréciés.

 

Dimanche 6 : toujours cap Song Köll.

Joli village au soleil qui respire la quiétude ; des enfants, des adultes viennent nous voir profiter de la 3G. Il fait beau.
L’épicier n’a pas de pain ? Pas de problème, sa petite fille va nous en chercher  un chez eux.


comme Jolly Jumper attendant à l'entrée du saloon


Ea et Daniel aimeraient sans doute jouer avec.

Arrivée à Song Küll (3000m) après une belle montée en lacets qui nous fait penser à Grand Teton- sans orignal. De temps en temps des touches dorées nous annoncent l’arrivée discrète de l’automne. En haut : plus rien, un grand plateau « tapis brosse » usé,  raviné par des torrents également à sec, quelques yourtes, des vaches et des moutons qui trouvent encore quelque chose à brouter et le lac limité par les montagnes.
 
 
 
 

Peu de temps pour se promener, les nuages arrivent, un arc en ciel essaie de se dessiner mais une grosse nuée avec grand vent prend le dessus. C’est génial !

Bien contents d’être à l’abri des bourrasques de neige qui frappent Defender, nous regardons la suite du spectacle par le pare-brise : les montagnes au loin sont devenues blanches puis disparaissent.
 

Notre présence sur le jailoo (pâturage d’Asie centrale) surprend les vaches, nous les voyons arriver ensemble, tranquilles  puis  s’arrêter  net en nous découvrant cachés dans un repli de terrain. Les veaux se rapprochent des mères, certaines réfléchissent longtemps puis tout le monde passe à côté de nous finalement. Pourtant, ce n’est pas  la place qui manque !

Ce soir, nous allons apprécier les  chaufferettes offertes par Coline.   
Il a bien gelé pendant la nuit, les bouteilles d’eau en témoignent.

 

Lundi 7 ; un veau prend Def pour son copain et se frotte dessus, il ébranle tout le véhicule, curieux réveil !

Matin glacial au Song Koll avec une météo islandaise… On fait quoi ? la neige et le vent  diminuent, on tente une ballade alentours.

 
 
 

2 pierres dressées face au lac, elles sont  gravées comme à Tcholpon Ata, peut-être marquant la sépulture de guerriers (bronze ?), plus loin les traces d’un tumulus. Ca donne du courage pour continuer.

 
 

Des yourtes parsèment l’immensité, certaines sont démontées, quelques barques sur la plage sont retournées, elles donnent une touche de couleur vive, des troupeaux sont  regroupés.

Nous apprendrons par une guide qui habite la région  que dans 1 mois, il fera – 40 ; ne traînons pas !

Direction Naryn, ses plaines ensoleillées et son altitude hospitalière.
 


 

 mardi 8,

Non, ce n’est pas un mirage ; dans un champ fauché qui nous tente bien pour la nuit, on aperçoit  4 beaux chameaux.


  le lendemain ils auront disparu.
 
Réponse au courrier des lectrices: on nous demande de parler un peu plus de notre vie quotidienne : OK. Aujourd'hui : les repas.

Comme la très grande majorité des personnes ici, notre nourriture est basée sur le pain. Il est rond, légèrement gonflé autour, cuit rapidement sur les parois intérieures d’un four en terre : un délice quand on le mange juste sorti du four.
On y ajoute ce qu’on trouve au bazar ; des tomates, du fromage à pâte cuite (pour les autres, vendus au bord de la route : méfiance…) des herbes et un filet d’huile d’olive.
On trouve beaucoup de fruits dans cette région: les quetsches, minuscules mirabelles , cassis, fraises, raisins, pommes, poires sont proposés en grands paniers débordants, les femmes en font des confitures très liquides (pas pratique avec ce pain) ou de la « compot » : jus de fruits cuits : bof !
Quand nous pouvons, on déjeune « en ville » dans un café minuscule: la mère  avec son petit, le vieux papi, la famille, l’équipe d’ouvriers y déjeunent rapidement d’un plat avec du thé ou du koumis (lait de jument fermenté) ou de compot. Chacun s’installe où il veut, en complétant les tables.
Il y a les tables comme "chez nous" et d’autres en estrade : on laisse ses chaussures par terre, on s’assied ou on s’accroupit sur l’estrade recouverte de tapis et coussins autour d’une table légèrement surélevée. Là, on peut traîner ensuite, certains font même une petite sieste.

 Nous aimons bien le plov découvert grâce à Ayna et sa famille, c’est une valeur sûre à base de riz, de carottes et des petits morceaux de viande (ou pas), il y a également les laghman d’origine asiatique : des pâtes avec des légumes dans du bouillon ; sur la carte encore, des soupes différentes à base de bouillon, de petits morceaux de légumes, de viande et d’ herbes.
Comme on ne connait rien et qu'on a faim, on tente...

Ca peut être complètement insipide, mais c’est chaud et on peut tremper du pain dedans quand on a très faim, ou  c’est carrément délicieux, relevé souvent d’aneth.
On n’oublie pas les chachliks : brochettes de viande grillés sur charbon de bois cuites proposées au bord des routes, et pour déjeuner encore plus vite, les samsas (=samoussa) variés et les beignets avec une pomme de terre dedans ou des herbes.

Chaque région a ses influences : plus russes, asiatiques…et le restaurant est un lieu convivial.
A l’entrée de tous les restaurants-café, il y a un meuble lavabo où chacun se lave les mains au début et à la fin du repas.
prix d'un plat  + 1 pain + pot de thé : 3 à 4 € pour deux.



démonstration du berger digne de Rambouillet, pour une fois le chien travaille


suite de la démonstration, il y avait 5 photos, on fait un résumé.
 

mercredi 9 : vers Tach Rabat qu’on attend avec impatience.
C'est un monument très (trop ?) refait par les Russes, il permet d’imaginer un autre type de caravansérail, construit en pierre cette fois avec des salles éclairées de fenêtres en ogive, dans un creux entre  deux  montagne, Il est daté entre le X et XVe.


 Ici, on imagine mieux les immensités que devaient parcourir ces caravanes d'est en ouest.

En face de nombreuses yourtes attendent les touristes qui pour une fois sont assez nombreux.


vous êtes à la place des touristes qui admirent les yacks
 

Nous retournons pour une nuit dans la vallée des chameaux à côté de la forteresse de Koshoï Kourgan (près de Naryn) qui aurait été construite par Manas, le héros national légendaire kirghize.

La forteresse ressemble à un château de sable abandonné aux vagues, mais le musée à côté est bien intéressant : objets trouvés dans des fouilles, cartes, cela permet de constater que cette région a été fréquentée depuis le néolithique et que nous n’avons pas rêvé nos découvertes archéologiques de Song Kull..

jeudi 10 : le surveillant du musée a 2 « casquettes » : il nous vend les billets, reste présent pendant notre visite puis dès que nous partons, il sort faire les foins avec les autres dans le champ adjacent.

étape courte : l’alternance de grosse chaleur pendant la journée, froid la nuit et routes poussiéreuses nous pousse à nous reposer.
Douche, lessive dans le torrent et séchage aux derniers rayons du soleil avant le froid.

Rencontre avec un cavalier qui déplace ses vaches.

NDRL: Vous pourrez remarquer comme nous, que lorsque nous nous installons dans un endroit complètement désert (à perte de vue), il y a toujours un cavalier qui surgit dans un court laps de temps. Conclusion, nous ne sommes jamais seuls.

Moment de panique : le cavalier propose à Patrick d’échanger son cheval  contre le Defender.
Je regarde le cheval : belle bête, mais si je monte derrière, où vais-je ranger mes crèmes hydratante, nourrissante, solaire + l’épilateur + l'IPhone et la liseuse ?...
Ouf, la transaction ne se fera pas.
Puis les bêtes partent : aucun bruit ni des vaches, ni du cavalier, seul le son du torrent.


photo de cheval et cavalier prise au hasard mais vous pouvez constater qu'il y a peu de rangements prévus (sauf pour la bouteille de vodka et son petit verre qu'on nettoie d'un pouce expert)

 Nous nous dirigerons doucement vers le NE pour atteindre le lac Issy Kull rive sud, en attendant des nouvelles de l’agence iranienne qui doit nous donner notre numéro de code nous permettant  de demander le visa iranien. Délai annoncé : 1 mois, nous avons dépassé la date et toujours aucune nouvelle.


Vendredi 11 : stage intensif 4X4 niveau confirmé dans le massif au sud d’Issy Kull.
Google, notre carte du vieux campeur, le GPS et les indications d’un guide parlant fort bien le français s’accordent pour nous dire qu’on peut atteindre le lac en traversant le massif par des pistes….
Le soir, nous sommes revenus vers  de vraies  pistes patentées après des essais très audacieux.

Ne pouvant en même temps  serrer les dents, fermer les yeux et quitter le véhicule pour prendre des photos, il va falloir nous croire sur parole.
Nous sommes revenus sains et saufs, et nous avons profité de la magnifique lumière du soleil couchant sur ce paysage.
 


Il n’y aura pas de visite de la rive Sud du lac : passer par la route qui longe  le lac en aller et retour de 600km, puisque la piste qui coupe le massif n’est pas accessible, ça  ne nous tente pas.

Samedi 12 : retour vers Naryn, nous remontons gentiment vers le N pour rejoindre Bishkek demain dimanche.



Groupe de canoës ou kayaks russe
 

Réponse au courrier des lectrices : nos activités le soir.
-Tout d’abord, repérage un lieu propice dans la nature à partir de 17/18h, sans moustique, sans voisin, loin de la route et plat.
-ménage: tout secouer, épousseter (et pourtant nous ne sommes pas des obsédés du ménage)
-toilette avec la douche extérieure s'il fait beau et sans voisins proches, sinon dans une cuvette à l'intérieur avec musique : c'est un des rares moment où on peut entendre quelque chose.
-lessive quotidienne qu'on accroche à toutes les parties du Def qui dépassent.
-repas: pain + (voir la rubrique "repas") ou s'il fait froid : soupe en poudre ou pâtes lyophilisées + fromage + abricots secs + fruits + chocolat + ....
-petite balade si on peut
-blog : récit, choix des photos et préparation du lendemain, musique, lecture
-et on profite au cours de la nuit des étoiles, du ciel qui pâlit, du soleil qui pointe car on se réveille souvent dans le Defender, pour mieux se rendormir.
 

dimanche 13, lundi, mardi : petite halte à Bishkek pour récupérer nos visas iraniens et ouzbeks.
L'agence Persia qui nous a fourni notre "code" se propose même de s'occuper de notre demande de  visa: nous l'aurons le lendemain: depuis la levée de l'embargo, les choses sont bien facilitées également pour les touristes.
Hôtel synonyme de vraie grande nuit, douche à volonté et laverie, mais aussi de circulation, avertisseurs.

Bishkek, capitale du Kirghiztan s'est rénovée plus tôt que Dushanbe (capitale du Tadjikistan), elle a déjà des quartiers modernes,




des places qui sont à l'honneur du pays et de ses héros anciens ou plus récents. de nouveaux quartiers continuent à  se construire avec des immeubles souvent luxueux.
 
 

sur le bâtiment à droite il y a une grande fresque qui évoque l'histoire du Kirghistan

Patagonie - Terre de Feu

Pas d'itinéraire sur la carte pour vous montrer nos déplacements, le sud du continent est bien compliqué avec son découpage naturel des ...