27 septembre 2017

Mongolie 2





Ulan Bator : pour avoir l’air initié on dit « U.B ». 
Nous retrouvons les bonnes habitudes : les embouteillages ! 
La guesthouse Oasis est bien située, à la périphérie E de la ville dans un quartier de pauvres maisons mais avec supermarché (équipé de caddies !), station de bus à deux pas. Nous avons le luxe d’un jardin fleuri et d’une terrasse ensoleillée pour grignoter ou trainer. C’est gardé 24/24. 


La capitale n’a rien de typiquement centrasiatique . Pas de photo grand format du président, la place Gengis Khan et la statue énorme de l’ancien maître de l’Asie Centrale, au centre de la ville, symbolise sans trop d’ostentation la gloire passée ainsi que l’ambition et le développement actuels. Elle fait face à un grand parc nouvellement créé.

Autour il y a les musées, les bâtiments officiels, la Central Tower symbolisant la richesse du pays, les grands hôtels. Un peu plus loin, on ne vous montrera pas pour cause de travaux le Beatles square et tous les magasins de cashmere et le magasin d’état équivalent du GUM ou du Printemps, le long de Peace Avenue. 



Le DEL est le manteau traditionnel long porté par les hommes comme les femmes. Il est fermé au col par des boutons de passementeries ou de cuivre, la taille est ceinturée d’une large écharpe de couleur contrastée. Femmes comme hommes le portent, en ville il devient plus rare ou cérémonial. Il a bien des avantages: il couvre les jambes du cavalier ou du motard, ses longues manches protègent les mains. On a découvert une autre fonction bien utile : il permet de s’isoler pour la pause pipi (on a vu 2 jeunes femmes qui se passaient le manteau au bord de la route afin de se protéger des regards). 



Visite du musée mongole d’art moderne . Elle aurait pu nous permettre de deviner les tendances actuelles de l’art dans ce pays qui se redessine. C’est assez étonnant : beaucoup de créations chantent l’histoire et la culture du pays dans des oeuvres …plus très nouvelles…

vue d'U.B 1970



U.B. est une ville en plein essor, occidentalisée, avec beaucoup de lignes de bus, des taxis officiels ou au black ce qui n’empêche pas une circulation dense. Les trottoirs ne sont pas des pièges à loup, les seuls policiers visibles s’époumonent pour réguler la circulation.
En périphérie U.B. et des villes plus petites, on voit des gers qui s’installent : les personnes abandonnent la vie nomade. Il y a ainsi des quartiers entiers qui semblent bien misérables avec leurs gers enfermées par des palissades. 
L’attente d’une vie meilleure ? 
De nombreux quartiers populaires ou plus nantis se construisent à côté.

Cap au Sud.
A chaque passage de régions, les pneus des voitures sont désinfectées.



Aux environs de Mandalgovi, dans une formation granitique inattendue dans le semi-désert, on trouve un lieu surprenant : entre 2 petits massifs les ruines du monastère de Tsorjiin Khureeni caché par des peupliers. Impression d’entrer dans un monde parallèle, une parenthèse qui s’offre aux chanceux.
Balade merveilleuse au hasard parmi les blocs de granit, les murs des ruines lavés au bleu, les ovoos  qui se découvrent aux sommets. 






Bien sûr, bivouac tout près, pour une nuit qui sera mouvementée.
Des souffles, des grattements….chacun de nous veille à ne pas réveiller l’autre, on attend ; plus tard ça recommence avec cette fois des coups dans Grodef : on se glisse pour découvrir… des vaches insomniaques qui ne comprennent pas ce que fait cet engin au milieu de leur trajet. Coups de klaxon, plein-phares et les bêtes décampent, pour mieux revenir : on a compris, c’est à nous de partir.

Plus au sud, le parc de Gurvan Saïkhan au paysage très varié : à peu de kilomètres on y trouve des dunes immenses, des canyons dont l’eau reste à l’état de glace très longtemps, des semi- déserts. C’est une des « cartes postales de la Mongolie » 


les yaks sont des animaux étonnamment vifs, particularité : ils aiment les bains dans les torrents glacés


en partant, atelier fabrication du feutre :
la laine de mouton mouillée est pressée



voici le feutre déroulé, encore humide

Les personnes expliquent que ce sera pour une ger. Sous le camion la bouteille de vodka de yak : légèrement fumée, c'est bon et ça donne des forces



la gorge de Dugan Am :
Nous bavardons là avec une famille de Coréens dont la maman - plus de 80 ans - se promène avec son fils dans les pays centre-asiatiques, le Népal, quelque soit la température…




Dans tous les villages, les magasins s'alignent les uns à côté des autres, on y trouve partout à peu près la même chose
Arrêt à Bulandaï et sa vie quotidienne : sortie d’école, courses au supermarché, approvisionnement en eau…
Depuis Bulgan à Balandalaï : belle route toute douce se déroulant sur le sommet des collines verdoyantes qui se succèdent. Pas évident à trouver, on fait alors fonctionner notre GPS (Ger Positioning System) : on s’arrête à une ger, on demande, pas facile de se faire comprendre; un monsieur prend  une initiative, il interrompt son repas, prend sa camionnette et nous conduit jusqu’au bon embranchement . Merci ! 




Sur les pistes, Patrick devient un pro : il « surfe » presque sur la tôle ondulée et s’amuse aux montagnes russes (ou mongoles) 

pétroglyphes de Khavtsgaït 


beau cerf stylisé

représentation étonnante d'offrande


Les « falaises de feu » de Bayanzag proches sont belles, peuplées non plus de dinosaures mais de chèvres acrobates et de magasins de souvenirs. Pour les dinosaures, essayez plutôt les musées de U.B. ou plus sûrement de New York ou sur www.amnh.org.





Des camps de gers se multiplient et « s’améliorent » : un pavillon restaurant se déguise en tortue sans doute jurassique, un autre exhibe des chameaux en résine avec palmier alors que de beaux vrais troupeaux arpentent solennellement le désert alentour.
Hasard de Maps Me, on y découvre l’emplacement de la forêt de saxaoul qui faisait rêver Denise. C’est à côté. Ca console largement des grosses bêtes fossilisées volatilisées, on passe une soirée superbe : premier plan la forêt tourmentée, au loin les falaises de feu. 


des aperçus de la forêt de saxaoul



des bosses, des montagnes de bosses



On continue de s’enfoncer dans le Gobi, cette fois avec une tempête de sable qui se dissipera au fur et à mesure de l’approche de Khongorin Els (les dunes géantes, autre « carte postale de la Mongolie »)  tandis que les camps de gers pour touristes se multiplient.



Nous sommes tout proches… le soir arrive, mais par où passer ? Nous hélons une voiture pour touristes. On va jouer la tour de Babel avec un 4X4 le soir tombant : la guide mongole parle allemand, le chauffeur uniquement mongol…mais la touriste allemande parle un peu anglais ! on aura notre information avec 3 langues et beaucoup de rires . La touriste arrivera en retard au dîner mais pourra raconter l’anecdote à table.

Beau moment à Khongorin Els : des balades le matin, le soir, on fait le lézard entre 2 : les vacances au soleil ! Au mois de juillet et août, aux dires de voyageurs rencontrés, c’est (un peu trop ) bourré de touristes.







Etape suivante, pour parvenir à Khermen Tsav, Maps Me nous propose 2 possibilités N ou S ; au hasard des pistes nous partons pour le N et les ennuis (pas graves !) .
1 journée à chercher, essayer, repartir, s’ensabler…pour décider le lendemain matin qu’on ne doit pas abandonner : il faut qu’on essaie avec la 2e possibilité offerte. 





incroyable : un coin pique-nique







On repart vers la piste S qui nous conduira tout près de ce lieu annoncé comme exceptionnel par des bloggers.
Ca a été un épisode de notre route un peu spécial : se déplacer avec des essais/erreurs à l’intérieur d’une zone pas toujours facile, sans repère clair, avec des paysages parfois austères, sans aucune trace d’animal domestique ou d’être humain… Mais on a réussi, et ça valait vraiment nos efforts.







Rando, feux de bois, pain maison cuit sous la braise brûlante dans un cadre magnifique et désert. 
Au retour de notre super rando, 2 voitures : incroyable ! On leur fait signe. Ce sont des géologues mongoles et italiens qui prospectent du cuivre dans ce site. 
1er geste de l’un d’eux, qui nous a touché : il offre une bouteille d’eau. Puis le géologue mongole Sukhee sera une mine d’infos (excusez le jeu de mots facile) pour notre visite dans le Grand Gobi A. Patient, écrivant sur sa carte, indiquant les points eau et essence, vérifiant que nous avions bien tout pris en photo il nous quitte en nous donnant son N° de tel au cas où. Merci !
On peut repartir sur des bases solides avec un itinéraire de visite du Grand Gobi A.

Les géologues repartent pour notre point de chute suivant. Eux y parviendront en 50 km, coupant à travers le désert alors que nous ferons environ 300km pour la même destination en allant d’abord au N vers Shinejenist, une bourgade d’où repartira une autre piste vers le Sud W.
Prochain achat au retour : un GPS qui guide !

300 km qui sont longs mais pas inutiles. On découvre de beaux paysages changeants, pratiquement aucune rencontre (quelques gers avant la ville et leur troupeau de chameaux)

seul arbre à des dizaines de km; les passants lui glissent des billets de banque sous l'écorce


Ravitaillement en eau et diesel OK, pour la nourriture on trouvera pâtes lyophilisées au poulet, aux légumes, au boeuf, au poulet et légumes…et des pommes…et des biscuits secs …et enfin du réseau téléphone !
Shinejenist est une petite ville carrefour de routes, qui se construit activement mais presque déserte le samedi soir. Où trouver la maison d’eau ? Un monsieur nous dépanne, nous suivons sa moto jusqu'à la maison de l’eau fermée, il téléphone, un petit garçon arrive au galop sur son vélo, le jette et se précipite pour nous servir, tout sourire.
Il nous demande 1000T, le monsieur nous fait signe de lui donner le double - c’est normal, c’était hors horaire. Le garçon est reparti aussi content que nous.


Donc presque demi tour vers le sud du Gobi à la recherche d’un des sites conseillés par Sukhee et des bloggers : Nogoon Tsav. 
Encore de longs kilomètres d'errance… Super : un camp de gers… des touristes ? Non 6 ouvriers qui travaillent dans une petite mine d’or. Ils nous expliquent la route «  c’est facile, il faut longer le massif en face puis passer derrière / au milieu ?, c’est la piste principale , elle est bonne, c’est là-bas »  (immense étendue….)
Et bien grâce à eux tous et notre volonté, après 20 km cahoteux, on a trouvé.

Le site a le sens de la mise en scène : si vous voulez avoir le souffle coupé il faut arriver par « la main-road » du S vers le N, si possible quand le soleil est bien haut . Choc garanti !




On s’arrache de ce lieu le lendemain pour un aller-retour vers l’oasis tout au Sud : en 2h de temps nous passons du tsunami pétrifié de NogoonTsav au milieu du désert à une oasis avec des champs et une forêt bordée de 2 étangs où barbotent des cygnes et des canards.



Histoires d’eau justement. Dans ce pays comme dans beaucoup d’autres, les personnes et les animaux se retrouvent aux points d’eau :
  • A la maison d’eau d’un village, un couple avec un enfant d’environ 1 an fait le plein de leur bidon de 50 l puis tout le monde repart sur la moto, le petit sur le réservoir, la nana sur le porte-bagage tenant son mari par la veste avec le bidon entre le conducteur et elle…sur des pistes accidentées
  • Une jeune femme vient remplir son bidon elle aussi : elle le soulève (50 kg ! ) et le pose en équilibre sur sa moto, s’installe devant, attache le bidon à elle par un lien et repart. Elle a le temps de sourire à notre geste d’admiration avant de repartir.

  • "maison de l'eau" pour animaux


    autre formule : les chevaux grattent le sol pour boire

    le berger puise, verse dans un abreuvoir fait d'un pneu de camion coupé en 2


Après Nogoon Tsav nous nous dirigeons vers l’ouest pour trouver la montagne sacrée Eej Khaïrkhan, ses bassins de pierre et ses peintures rupestres. 
Ce sera une chasse au trésor, un jeu de piste, une course d’orientation, un comparatif MapsMe/cartes papier dont les participants sont au taquet. 
Tous nos tâtonnements qui ont duré au total 1 1/2 journée, n’ont pas été vains,  jugez-en :





la montagne se mire dans son mirage



Nuit superbe dans une forêt dont les chameaux prennent les mêmes teintes d’automne que les feuilles qu’ils mangent délicatement.


des constructions de bergers qui ressemblent à la cabane d’Hagrid par la dimension impressionnante des troncs utilisés





Finalement c’est une zone marécageuse qui nous a arrêtés. Nous avons « échoué » la nuit face à cette montagne pour nous inaccessible, dans une autre forêt dorée.

Le calendrier nous rappelle à l’ordre, il faut quitter le S pour arriver à la frontière W le 28 au plus tard. Sur le retour, nous passons par des pistes où on peut rencontrer des ibex, puis des antilopes saïga (ou gazelle de Mongolie). On voit des bêtes à 4 pattes qui pourraient bien être elles, gracieuses mais elles sont pressées. 
Nous découvrons une jolie vallée isolée où paissent des moutons le long d’une rivière. Pas loin des pétroglyphes mais nous préférons résister à la tentation et faire une belle balade autour des massifs  proches qui seront couverts de neige le lendemain matin.





Notre dernière journée de balade en Mongolie sera inattendue : d’abord nous nous réveillons à 9 h ! c’est le froid qui a commencé à nous congeler ; nous enlevons les gouttes de glace qui se sont formées au-dessus du lit….puis retour lent en direction d’Olgii, avec promenade puis bivouac prévu près d’un lac proche. 
Ce sera bien différent : neige sur les pentes proches, neige fondue dans une vallée large, froid sur une piste mauvaise et plus longue que prévue. 





La température baisse dans l'après-midi, nous préférons arriver à Olgii le soir, pour passer une soirée…sans chauffage : PANNE. Il fait 6° à l’intérieur et nous irons nous blottir dans la grosse couverture si chaude achetée 2 ans auparavant au Kazakstan pour la même raison que ce soir.

Dernières nouvelles : le chauffage remarche, l’eau est toujours gelée, on attend le dégel pour se laver !

Un petit cadeau pour les courageux qui ont lu ce chapitre "Mongolie" jusqu'au bout : 
Tiré sans vergogne du roman de Ian Manook dont je vous conseille vigoureusement la lecture si vous aimez les polars tout en découvrant plein de choses sur la Mongolie actuelle.
(merci à Nicole qui me l’a fait découvrir)
 Ian Manook  « YERULDELGGER »

« …trois générations avaient vécu sans nom de famille. « Le régime d’avant » (l’ex URSS) les avait aboli pour casser l’organisation clanique de la société. Avant « le régime d’avant », les familles tenaient leur nom du clan auquel elles appartenaient dans chaque province. Les clans, eux, le tenaient d’une tradition ancestrale qui nommait les familles sans honte. Il y avait la famille du Chien  Jaune, celle d’Au-delà du Vent mais aussi la famille des Voleurs ou des Sept Ivrognes. 
Tout cela, le régime d’avant l’avait interdit au même titre que l’alphabet mongol et le chamanisme.
Les nouveaux camarades ne s’étaient plus appelés que par leur prénom jusqu’en 1990, à la chute du régime d’avant.
Les familles avaient été autorisées à reprendre leur nom que, pour la plupart, elles avaient oublié.
Un député historien s’était chargé d’établir la liste de tous les anciens noms de clans, province par province, et chacun, en fonction de sa province de naissance, avait eut le droit de retrouver son ancien patronyme ou d’en choisir un autre. Mais certains, coupés de la filiation ancestrale n’avaient pas trouvé preneurs. Qui pouvaient avoir envie d’appartenir à la famille des Sept Ivrognes ? ….
Le gouvernement avait tout simplement proposé de s’inventer un nouveau patronyme tiré du dictionnaire. Un forgeron s’était fait appelé Forgeron, un amoureux des galops Cheval du Terelj et le premier spationaute mongol avait choisi de s’appeler Cosmos »….


Patagonie - Terre de Feu

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